Dolores REDONDO, la trilogie du Baztán

February 8, 2021
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ET QUELQUES CONSIDÉRATIONS D’HUMEUR PRÉLIMINAIRES

Il devient de plus en plus difficile de se retrouver dans la jungle des nouvelles parutions dans le domaine du roman criminel espagnol. C’est que ce genre est devenu à la mode avec comme conséquence que le pire y côtoie le meilleur. Et, malheureusement, c’est souvent le pire qui l’emporte ; il suffit de voir les statistiques des meilleures ventes. Hélas aussi, du moins dans le domaine de l’édition francophone, ce sont ces romans que certains éditeurs traduisent en premier, ce qui n’est pas le cas des éditeurs allemands beaucoup moins frileux et plus éclectiques.

Il ne faut cependant pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Tous les best -sellers ne sont pas nécessairement médiocres. Il faut se réjouir du succès d’auteurs comme Victor del Árbol, Toni Hill, Rafael Reig, Aro Sáinz de la Maza, Ignacio del Valle,… dans le genre polar, Lorenzo Silva, Alicia Giménez Bartlett…ou encore Marcos Eymar et son roman linguistico-policier, dans le genre roman à énigme. Encore que parmi ces noms certains ne soient pas vraiment des novices.

Comme contre exemple, je choisirais la trilogie du Baztánde Dolores Redondo, composée de El guardián invisible (2013), publié en français sous le titre Le Gardien invisible, Paris, Stock, coll. « La Cosmopolite noire », 2013 ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio policier« , 2015,

Legado en los huesos (2013), publié en français sous le titre De chair et d’os, Paris, Mercure de France, coll. « Mercure noir », 2015 ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio policier », 2016

Ofrenda a la tormenta (2014) ; Publié en français sous le titre Une offrande à la tempête, Mercure de France, 2016.

Les trois romans ont en commun de se situer dans un même lieu, la vallée de Baztan et d’utiliser de vieilles légendes, des croyances locales et des superstitions basques auxquelles ne croit pas, évidemment (quoique?), l’inspectrice Amaia Salazar chargée des enquêtes en compagnie de l’inspecteur Montes.

Amaia est mariée à un Américain qu’elle aime et dont elle est enceinte. Mais l’inspecteur Montes va s’éprendre d’elle. Se laissera-t-elle séduire ? C’est le suspense pour les amateurs de romans à l’eau de rose, suspense qui se maintiendra – du moins pour le lecteur lambda- jusqu’au troisième volet de la trilogie.

Amaia a aussi des antécédents psychotiques dans sa famille, une famille très (trop ?) conflictuelle. Elle-même est parfois au seuil de la paranoia, ce qui n’arrange pas toujours les choses. Mais permet une approche philosophico-psychiatrique : la confusion entre le bien et le mal, le rationnel et l’irrationnel, le rêve et la réalité.

Quant à l’aspect roman noir, si les scènes de crime sont bien amenées dans Le gardien invisible (le meilleur de la trilogie à mon avis) on n’est pas loin du grand guignol dans les deux autres romans (bébés enlevés, assassinés, exhumés,…)

On se demande aussi pourquoi, alors qu’elle est entourée d’une bonne équipe, Amaia doit souvent avoir recours à un agent du FBI de la Nouvelle Orléans où elle a étudié. Cela ne fait qu’allonger gratuitement un roman déjà suffisamment long.

Si on ajoute que du point de vue de l’écriture, dès le premier volet, on perçoit l’intention de voir le roman porté à l’écran. – Tout à fait fortuitement, je viens d’apprendre que cette adaptation est sur les rails.

Bon, on aura compris que je n’ai pas tellement apprécié ces romans. Mais les goûts et les couleurs ne se discutent pas.

On pourrait aussi se poser la question de savoir pourquoi il a fallu trois traductrices, respectivement Marianne Millon, Anne Plantagenet et Judith Vernant pour venir à bout de cette trilogie et deux maisons d’édition pour la publier Ce fait est assez rare.

Ce mouvement d’humeur passé, j’en viendrai à des choses plus sérieuses dans une autre chronique avec les romans de Rafael Balanzà.

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